Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et messieurs,
Vous l’aurez constatez, tous les chantiers de l’accord politique de Ouagadougou sont ouverts et en marche. C’est la preuve inéluctable voire irréfutable que, la Côte d’Ivoire avance sur le chemin irréversible de la paix. Ma présence très solidaire ici ce matin en est le témoignage patent que, la solidarité est un volet essentiel de l’action du gouvernement au point que nous y avons consacré tout un ministère.
Mesdames et Messieurs, Honorables participants,
Une question, une simple question me vient à l’esprit en ce moment : sommes-nous véritablement solidaires ?
L’avons –nous jamais été ? Peu, prou ou pas du tout ?
Question encore, avons-nous tous, la même compréhension, philosophie, morale, spirituelle ou strictement traditionnelle de la solidarité ? Pas si sûr, autrement, peut être ne serions nous jamais réunis ici ensemble, pour y plancher et y réfléchira. Ce qui est sûr, la solidarité met en lumière les divers éléments de cohésion dans la cité et entre les membres et communautés de cette cité : l’appartenance à une race, à une langue. Le fait de parler le même dialecte d’avoir une ou des affinités religieuses être de la même tribu avoir en commun la géographie voire des intérêts économiques en sont des exemples patents.
Dès lors, la solidarité est perçue comme un bel idéal à atteindre : savoir donner, vouloir donner et, vivre ensemble de nos différences et dans nos différences.
Mesdames et Messieurs,
Aussi est ce pourquoi, les présentes assises des états généraux de la solidarité, arrivent-t-elles à leur heure, pour marquer un arrêt, s’interroger, interroger la marche de notre histoire et les faits qui l’on jalonné, afin d’en avoir une idée très précise. Sur ce point, je puis dire qu’il n’est nul besoin, de s’esbaudir sur la problématique de la solidarité pour affirmer que, si nous y consacrons en ce jour des états généraux, c’est précisément parce que les préceptes qui, hier, fondaient l’entre aide dans nos communautés rurales et villageoises ont été sinon relégués aux calendes grecques, du moins piétiné ou battus en brèche. Forcément une telle attitude creuse des fossés entre les communautés, favorise si elles ne secrètent à la fois, le sectarisme et l’ostracisme entre voisin d’une part, et les communautés villageoises et rurales d’autre part. Du coup, les conséquences apparaissent désastreuses sur la cohésion sociale. C’est ce qui nous est arrivé par glissement insensible.
L’une des faiblesses originelles qui ont malheureusement conduit notre pays vers la fracture sociale, résulte des manquements au devoir d’assistance mutuelle entre frères et sœurs d’un même pays. Entre amis et alliés qui, autrefois faisaient du partage, l’hymne à la solidarité entre voisins et amis était une valeur cardinale. La pierre angulaire de l’équilibre de la société. C’était certes une règle non écrite. Pour autant elle se manifestait puissamment à tous les niveaux et dans presque toutes les circonstances dans l’existence des citoyens.
- Solidarité dans les mariages
- Solidarité dans les décès
- Solidarité dans les naissances
- Solidarité à l’école
- Fournitures scolaires, uniformes, bourses, stages professionnels.
A l’époque, la solidarité signifiait qu’il ne fallait pas désespérer de l’avenir. Notre pays qui amorce allègrement sa renaissance aux valeurs morales, voudrait assurément avec les conclusions que j’espère exhaustives de vos assises, mettre au cœur de son renouveau, l’instruction civique et morale et la solidarité.
Au demeurant, de cette auguste assemblée, constellée de sommités du monde de la culture, de la connaissance et de l’histoire authentique de la Côte d’Ivoire, nous attendons des résolutions pertinentes susceptibles de corriger les faiblesses que nous sommes censés avoir accusé dans ce domaine. Votre présence collective, l’expertise dont vous êtes les dépositaires, nous conforte dans l’hypothèse d’analyses et de réflexions nourries, adaptées et exhaustives. Notre pays qui est à la croisée des chemins, a besoin de repères et de modèles. Vous avez la très lourde responsabilité d’ausculter la société et, de proposer une thérapie qui non seulement devra attaquer le mal à la racine, mais assurément, nous prémunir contre les déviances morales qui attaquent les fondements de la société ivoirienne.
Mesdames, Messieurs,
C’est pourquoi lorsque la foi fléchit et que la raison hésite, la société court vers des périls….c’est aussi pourquoi, la valeur spirituelle des traits qui permettent de saisir ce qui pourrait apparaître comme de la solidarité, restaure, renforce et raffermit notre cohésion.
En qualifiant ainsi la solidarité, il est quasiment certain qu’elle pénétrera les esprits, irriguera les consciences et, fera partie de cet univers magique qu’est l’univers politique dont les éléments ne sont pas forcement des données objectives mais, des représentations et des croyances.
A ce titre, je puis affirmer que la solidarité remplirait alors, deux fonctions essentielles dont l’exercice, commande la survie des collectivités humaines : une fonction d’intégration qui procure au groupe une cohésion morale et spirituelle grâce à laquelle il résistera à l’effet corrosif des rivalités d’intérêt malséant.
Quels ressorts devrons –nous utiliser pour agencer ensemble des groupements qu’objectivement, rien ne destinait à se découvrir une vocation collective.
C’est pour donner un coup de pied dans la fourmilière, et mettre fin à la passivité face à un mode de vie qui combattra assurément les lâchetés, que vous avez la responsabilité devant l’histoire, de proposer une pluralité de formulations pour les générations d’aujourd’hui et demain. Cette responsabilité qui vous incombe n’est pas symbolique. Elle est essentielle voire capitale dans le changement moral que nous devons apporter à notre peuple. C’est sur ces propos plein d’espoir que je déclare ouverts les Etats généraux de la solidarité.