Déclarations & Discours
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Discours du Premier ministre-Visite d’Etat du président de la République dans la région des Savanes
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VISITE D’ETAT
DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DANS LA REGION DES SAVANES
ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE
KORHOGO, 30 NOVEMBRE 2007
- Excellence Monsieur le Président de la République ;
- Messieurs les Présidents des Institutions ;
- Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
- Monsieur le Représentant spécial du Facilitateur du Dialogue direct ;
- Messieurs les membres du corps préfectoral ;
- Messieurs les élus ;
- Mesdames et Messieurs les Directeurs centraux, Directeurs Généraux et Chefs de services ;
- Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes, sous-officiers et militaires du rang ;
- Honorables chefs coutumiers et religieux ;
- Populations du Département de Korhogo ;
- Mesdames et Messieurs ;
Excellence Monsieur le Président de la République, puisque la solennité de la circonstance nous le suggère, permettez que je commence par dire toute ma fierté au moment où nous bouclons la boucle avec ce dernier meeting de Korhogo, capitale de la Région des Savanes.
Je clame haut et fort ma joie face à la mobilisation exceptionnelle qui a jalonné tout notre parcours lors de cette tournée de consolidation de la paix et de la réunification du territoire ivoirien.
Les populations sont venues du fin fond de nos campagnes et de tous les recoins de nos villages.
Monsieur le Président de la République, Hommes, Femmes, Vieux et Jeunes ont répondu à l’appel du Pardon.
Ils ont répondu à l’appel de l’Amour.
Ils ont répondu à l’appel de la Réconciliation.
Ces populations ont bravé les intempéries, les amertumes, les contradictions, les ressentiments pour marquer leur adhésion totale à l’Accord Politique de Ouagadougou.
Ces populations, ici rassemblées, sont issues de toutes les confessions religieuses, de toutes les obédiences idéologiques, de tous les partis politiques.
Elles démontrent que le seul dénominateur commun qui nous réunit ce jour, c’est bien l’amour de la patrie, l’amour de notre chère Côte d’Ivoire à tous.
Monsieur le Président de la République, la diversité est bien une richesse. Et cette exceptionnelle mobilisation montre que nous sommes sur la bonne voie.
Les Ivoiriens veulent la Paix. Dès lors, nous n’avons pas d’autres choix, Monsieur le Président de la République que de nous y engager résolument.
Monsieur le Président de la République, l’espoir est né. Il nous faut le concrétiser.
En ce qui me concerne, ma détermination est sans faille.
Monsieur le Président, vous êtes bel et bien à Korhogo. La pluie de balles de Kalachnikov annoncée n’a pas eu lieu.
Je sais que tant de bruits et tant de commérages ont entouré cette visite.
Tantôt, on vous prédisait des embuscades mortelles, tantôt, on nous mettait en garde contre une désagréable surprise que vous nous réserviez.
La Côte d’Ivoire est une et indivisible. Et elle le demeurera.
Après une telle visite réussie, Ivoiriennes, Ivoiriens, est-il juste de dire que rien n’a été fait huit mois après la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou ?
C’est le Président du Burkina Faso, qui récemment disait et je le cite : « De mes vingt ans de Président de la République, après avoir participé à une vingtaine de négociations sur le Liberia, une dizaine sur la Sierra Léone, quelques négociations sur le Togo, et j’en passe, je n’ai jamais vu un accord politique qui s’applique avec autant d’enthousiasme et de convivialité que celui de Ouagadougou. » fin de citation.
Je ne veux ni donner dans l’autocélébration, ni tomber dans l’auto flagellation.
Il me faut rappeler que c’est le 04 mars 2007 que nous signions à Ouagadougou un accord politique qu’il a fallu compléter le 26 mars 2007 par le premier accord complémentaire, désignant le Premier Ministre.
Le 29 mars 2007, j’étais nommé Premier Ministre.
Aussitôt, neuf jours après, je mettais en place l’actuel gouvernement.
Neuf autres jours plus tard, soit le 16 avril 2007, nous procédions au démantèlement de la zone de confiance et installions le même jour le Centre de commandement intégré.
Rappelez-vous Monsieur le Président, que cet acte avait été qualifié par certains de risque inconsidéré.
Pourtant, nous avons tenu à respecter nos engagements.
Afin de permettre aux membres du Gouvernement de s’approprier l’Accord politique de Ouagadougou et d’acquérir une feuille de route cohérente, nous organisions un séminaire à cet effet le 2 mai 2007.
Le 23 mai 2007 le Conseil des Ministres adoptait la matrice de mise en oeuvre de l’Accord politique de Ouagadougou, déclinant ainsi les résolutions dudit accord en actions concrètes.
Quelques jours seulement après, à l’occasion d’une de nos séances de travail au sommet de l’Etat, vous signiez deux décrets ; celui portant nomination des Préfets et celui affectant les magistrats dans les zones Centre Nord et Ouest.
Entre temps, le 14 mai 2007, nous avons conclu la reprise de la coopération financière entre notre pays et les institutions financières internationales.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Le 29 juin 2007, dans l’optique du lancement des audiences foraines, alors initialement prévues pour le 5 juillet 2007, je me rendais à Bouaké pour procéder à l’installation des magistrats dans ladite ville, lorsque j’ai été victime d’un attentat meurtrier.
Tout aurait pu s’arrêter là. Et la Côte d’Ivoire aurait pu replonger dans les méandres de l’incertitude, avec ses morts, ses blessés, ses orphelins, ses veuves et ses victimes.
Ce même jour, faisant fi des frayeurs et des moments d’intenses douleurs, face à tant de gâchis en vies humaines, en dépit du fait que mes plus proches collaborateurs luttaient contre la mort, et bien que j’étais moi-même mortifié dans l’âme, j’ai exigé pourtant que l’audience solennelle d’installation des magistrats soit maintenue.
Est-il vraiment juste de dire que rien n’a été fait ?
Dix jours seulement après l’attentat, je me suis rendu à Abidjan pour montrer ma détermination pour la Paix.
D’autres n’ont pourtant pas hésité à qualifier cet engagement de bravoure inconsciente.
Renoncer à ce moment précis, aurait été tout simplement lâche.
Tomber dans les accusations faciles, aurait été purement simpliste et ridicule.
Trouver les ressources nécessaires pour continuer la bataille de la paix, me paraissait plus sage. Et c’est ce que j’ai fait.
La flamme de la paix organisée à Bouaké le 30 juillet 2007, participait de la logique de redonner confiance à nos compatriotes et d’imprimer un souffle nouveau au processus de paix.
A tout ce bilan non exhaustif, on peut ajouter l’installation le 8 août 2007, du groupe de travail sur les audiences foraines et la reconstitution des registres de l’état-civil, le retour officiel des élus locaux (maires et conseillers généraux) le 16 août 2007, l’adoption du mode opératoire des audiences foraines le 24 septembre 2007 et le séminaire sur la mise en place du service civique le 19 octobre 2007.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Monsieur le Président, durant toute votre tournée, vous avez vu les Préfets et les Sous-préfets à leurs postes de travail, dans les tenues d’apparats, travaillant en toute quiétude et en toute liberté.
Et ce n’est pas un acte symbolique. Ils sont bel et bien là ! Et ils sont au travail en parfaite harmonie avec les Forces Armées des Forces Nouvelles.
Les forces mixtes du CCI opèrent sur l’ensemble du territoire ivoirien, procurant la sécurité à tous.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Pour le redéploiement des autorités préfectorales, j’ai dû demander aux Forces Armées des Forces Nouvelles et au personnel civil des Forces Nouvelles de renoncer aux prérogatives administratives exercées pendant cinq ans ; sacrifice qu’ils ont accepté de consentir au nom de l’intérêt supérieur de l’Etat.
Ce sacrifice a permis au corps préfectoral d’être à son aise dans les zones Centre, Nord et Ouest.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Monsieur le Président, les audiences foraines sont bel et bien une réalité.
C’est bien le 25 septembre 2007 qu’elles ont été lancées sur l’ensemble du territoire, sans incident, sans violence, presque banalement.
Chaque jour, des sans papiers sortent de l’anonymat administratif pour conquérir leur citoyenneté.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Mesdames et Messieurs, il est assurément vrai de dire qu’il reste tant de choses à faire. Il reste tant de diligences à accomplir. Mais il est injuste de dire que rien n’a été fait.
Jours et nuits, nous avons travaillé sans relâche, presque sans repos ; à la fois à Bouaké et à Abidjan, sur tous les fronts : le front social, le processus de sortie de crise, sans oublier l’activité ordinaire du gouvernement dans un pays fortement endetté.
Si je comprends l’impatience des braves populations qui ont tant souffert, je voudrais, avec votre permission, dénoncer la trop grande sévérité des jugements et des condamnations sans appel.
Je ne me résignerai pas face à l’ampleur de la tache. Et nous avons besoin de soutien et d’appui. Il nous faut continuer à travailler et toujours aller de l’avant.
C’est dans la perspective de la poursuite du processus de paix, que vous et moi-même, avons signé hier 29 novembre 2007, le deuxième accord complémentaire à l’Accord Politique de Ouagadougou, désignant la société SAGEM en qualité d’opérateur technique chargé de l’identification et de l’inscription sur les listes électorales.
Dès la semaine prochaine, quand je serai rentré à Abidjan, je recevrai cet opérateur et le mettrai aussitôt à la tâche.
Aussi, je vous proposerai une séance de travail avec tous les acteurs du processus électoral, tous les ministères et structures concernés par l’identification pour sonner l’heure de la préparation des élections.
J’ai bien compris toute la classe politique, qui pour une fois, unanimement s’impatiente pour l’organisation rapide des élections. Du reste, je ne m’y suis jamais opposé.
La bonne identification des populations pour que chacun ait les papiers auxquels il a droit, me paraît aussi capital que l’échéance électorale.
Les élections méritent une préparation méticuleuse, si nous les voulons transparentes et irréprochables.
Ce n’est qu’à ce prix, qu’elles seront un facteur de consolidation de la Paix et de la Démocratie.
Ceci dit, qui peut douter ou insinuer que l’octroi de titres d’identité à nos concitoyens ne soit plus notre préoccupation majeure ?
Qui mieux que nous en a fait une revendication principale ?
La question de l’identification est notre cheval de bataille.
Monsieur le Président de la République,
Le mardi 27 novembre à Ouagadougou, Vous-même, le Président du Faso et moi-même, avons convenu de poursuivre nos efforts pour une normalisation définitive en Côte d’Ivoire.
Ceci s’est concrétisé encore hier par la signature des deuxième et troisième accords complémentaires.
Il s’agit de mettre en œuvre les processus de désarmement, de lancer les opérations du service civique national, et de procéder à la réunification de l’armée. Les Généraux Mangou et Bakayoko nous donnent déjà le reflet d’une telle armée réunifiée.
Monsieur le Président de la République, vous voilà à Korhogo, bel et bien vivant, démontrant ainsi que le traumatisme du désarmement et de la guerre n’est que chimère.
Le meilleur désarmement que nous devons réussir est celui des esprits.
Le retour de la fiscalité, notamment de la douane dans ces régions se fera dans le souci du respect du principe de l’unicité des caisses de l’Etat.
Il faut alors que l’Etat étudie les modalités de la contrepartie telles que stipulées dans l’accord complémentaire signé hier.
Au nombre des leçons à tirer de cette visite d’Etat dans la région des Savanes, figurent les difficultés et les préoccupations des populations, ainsi que celles des soldats des Forces armées des Forces Nouvelles.
L’allure du train de la réunification peut créer des angoisses, inquiétudes certainement légitimes.
Comme en 1960, l’imminence de la proclamation de l’Indépendance avait suscité tant d’espoirs mais aussi tant d’angoisses et d’inquiétudes.
La même inquiétude se lisait sur tous les visages.
Etions-nous prêts pour assumer les charges de l’Etat ?
Etions-nous prêts pour gouverner ?
Les lendemains des indépendances avaient failli donner raison aux plus pessimistes.
Les coups d’état étaient légion. Certains de nos compatriotes en arrivaient même à regretter l’époque coloniale.
Aujourd’hui la réunification peut faire peur si tous ses contours ne sont pas maîtrisés.
Eh oui, Monsieur le Président, les mêmes angoisses et inquiétudes réapparaissent comme en 1960.
Les populations sont inquiètes.
Alors qu’elles se sont plus appauvries, comment faire face aux charges des arriérés de consommation d’eau et d’électricité ?
Comment payer les impôts de toutes ces années ?
La grosse appréhension de l’inévitable inflation qui naîtra de cette réunification impose que nous en maîtrisions toutes les conséquences.
C’est pourquoi, je vous propose, et si vous en étiez d’accord, d’organiser au plus tôt les états généraux de la réunification.
Seule une étude approfondie de la situation socio-économique de ces régions pourrait permettre au Gouvernement d’y apporter les solutions appropriées.
Ce sera l’occasion d’englober tous les autres problèmes que ces mêmes populations n’ont pas manqué de vous soumettre.
Comme vous le voyez, Monsieur le Président, les attentes sont grandes et les chantiers immenses.
Aussi, je veux pouvoir compter sur la bonne foi de tous pour maintenir le cap de la paix, condition incontournable pour réaliser les mesures idoines convenues.
Pour l’heure, votre visite d’Etat depuis le 28 novembre 2007 ouvre une nouvelle ère, celle de la consolidation de la paix, de la réunification du pays et de la préparation des élections.
Que Dieu veille sur notre pays pour que vive une Côte d’Ivoire réunifiée et réconciliée avec elle-même.
Je vous remercie.
DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DANS LA REGION DES SAVANES
ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE
KORHOGO, 30 NOVEMBRE 2007
- Excellence Monsieur le Président de la République ;
- Messieurs les Présidents des Institutions ;
- Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
- Monsieur le Représentant spécial du Facilitateur du Dialogue direct ;
- Messieurs les membres du corps préfectoral ;
- Messieurs les élus ;
- Mesdames et Messieurs les Directeurs centraux, Directeurs Généraux et Chefs de services ;
- Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes, sous-officiers et militaires du rang ;
- Honorables chefs coutumiers et religieux ;
- Populations du Département de Korhogo ;
- Mesdames et Messieurs ;
Excellence Monsieur le Président de la République, puisque la solennité de la circonstance nous le suggère, permettez que je commence par dire toute ma fierté au moment où nous bouclons la boucle avec ce dernier meeting de Korhogo, capitale de la Région des Savanes.
Je clame haut et fort ma joie face à la mobilisation exceptionnelle qui a jalonné tout notre parcours lors de cette tournée de consolidation de la paix et de la réunification du territoire ivoirien.
Les populations sont venues du fin fond de nos campagnes et de tous les recoins de nos villages.
Monsieur le Président de la République, Hommes, Femmes, Vieux et Jeunes ont répondu à l’appel du Pardon.
Ils ont répondu à l’appel de l’Amour.
Ils ont répondu à l’appel de la Réconciliation.
Ces populations ont bravé les intempéries, les amertumes, les contradictions, les ressentiments pour marquer leur adhésion totale à l’Accord Politique de Ouagadougou.
Ces populations, ici rassemblées, sont issues de toutes les confessions religieuses, de toutes les obédiences idéologiques, de tous les partis politiques.
Elles démontrent que le seul dénominateur commun qui nous réunit ce jour, c’est bien l’amour de la patrie, l’amour de notre chère Côte d’Ivoire à tous.
Monsieur le Président de la République, la diversité est bien une richesse. Et cette exceptionnelle mobilisation montre que nous sommes sur la bonne voie.
Les Ivoiriens veulent la Paix. Dès lors, nous n’avons pas d’autres choix, Monsieur le Président de la République que de nous y engager résolument.
Monsieur le Président de la République, l’espoir est né. Il nous faut le concrétiser.
En ce qui me concerne, ma détermination est sans faille.
Monsieur le Président, vous êtes bel et bien à Korhogo. La pluie de balles de Kalachnikov annoncée n’a pas eu lieu.
Je sais que tant de bruits et tant de commérages ont entouré cette visite.
Tantôt, on vous prédisait des embuscades mortelles, tantôt, on nous mettait en garde contre une désagréable surprise que vous nous réserviez.
La Côte d’Ivoire est une et indivisible. Et elle le demeurera.
Après une telle visite réussie, Ivoiriennes, Ivoiriens, est-il juste de dire que rien n’a été fait huit mois après la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou ?
C’est le Président du Burkina Faso, qui récemment disait et je le cite : « De mes vingt ans de Président de la République, après avoir participé à une vingtaine de négociations sur le Liberia, une dizaine sur la Sierra Léone, quelques négociations sur le Togo, et j’en passe, je n’ai jamais vu un accord politique qui s’applique avec autant d’enthousiasme et de convivialité que celui de Ouagadougou. » fin de citation.
Je ne veux ni donner dans l’autocélébration, ni tomber dans l’auto flagellation.
Il me faut rappeler que c’est le 04 mars 2007 que nous signions à Ouagadougou un accord politique qu’il a fallu compléter le 26 mars 2007 par le premier accord complémentaire, désignant le Premier Ministre.
Le 29 mars 2007, j’étais nommé Premier Ministre.
Aussitôt, neuf jours après, je mettais en place l’actuel gouvernement.
Neuf autres jours plus tard, soit le 16 avril 2007, nous procédions au démantèlement de la zone de confiance et installions le même jour le Centre de commandement intégré.
Rappelez-vous Monsieur le Président, que cet acte avait été qualifié par certains de risque inconsidéré.
Pourtant, nous avons tenu à respecter nos engagements.
Afin de permettre aux membres du Gouvernement de s’approprier l’Accord politique de Ouagadougou et d’acquérir une feuille de route cohérente, nous organisions un séminaire à cet effet le 2 mai 2007.
Le 23 mai 2007 le Conseil des Ministres adoptait la matrice de mise en oeuvre de l’Accord politique de Ouagadougou, déclinant ainsi les résolutions dudit accord en actions concrètes.
Quelques jours seulement après, à l’occasion d’une de nos séances de travail au sommet de l’Etat, vous signiez deux décrets ; celui portant nomination des Préfets et celui affectant les magistrats dans les zones Centre Nord et Ouest.
Entre temps, le 14 mai 2007, nous avons conclu la reprise de la coopération financière entre notre pays et les institutions financières internationales.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Le 29 juin 2007, dans l’optique du lancement des audiences foraines, alors initialement prévues pour le 5 juillet 2007, je me rendais à Bouaké pour procéder à l’installation des magistrats dans ladite ville, lorsque j’ai été victime d’un attentat meurtrier.
Tout aurait pu s’arrêter là. Et la Côte d’Ivoire aurait pu replonger dans les méandres de l’incertitude, avec ses morts, ses blessés, ses orphelins, ses veuves et ses victimes.
Ce même jour, faisant fi des frayeurs et des moments d’intenses douleurs, face à tant de gâchis en vies humaines, en dépit du fait que mes plus proches collaborateurs luttaient contre la mort, et bien que j’étais moi-même mortifié dans l’âme, j’ai exigé pourtant que l’audience solennelle d’installation des magistrats soit maintenue.
Est-il vraiment juste de dire que rien n’a été fait ?
Dix jours seulement après l’attentat, je me suis rendu à Abidjan pour montrer ma détermination pour la Paix.
D’autres n’ont pourtant pas hésité à qualifier cet engagement de bravoure inconsciente.
Renoncer à ce moment précis, aurait été tout simplement lâche.
Tomber dans les accusations faciles, aurait été purement simpliste et ridicule.
Trouver les ressources nécessaires pour continuer la bataille de la paix, me paraissait plus sage. Et c’est ce que j’ai fait.
La flamme de la paix organisée à Bouaké le 30 juillet 2007, participait de la logique de redonner confiance à nos compatriotes et d’imprimer un souffle nouveau au processus de paix.
A tout ce bilan non exhaustif, on peut ajouter l’installation le 8 août 2007, du groupe de travail sur les audiences foraines et la reconstitution des registres de l’état-civil, le retour officiel des élus locaux (maires et conseillers généraux) le 16 août 2007, l’adoption du mode opératoire des audiences foraines le 24 septembre 2007 et le séminaire sur la mise en place du service civique le 19 octobre 2007.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Monsieur le Président, durant toute votre tournée, vous avez vu les Préfets et les Sous-préfets à leurs postes de travail, dans les tenues d’apparats, travaillant en toute quiétude et en toute liberté.
Et ce n’est pas un acte symbolique. Ils sont bel et bien là ! Et ils sont au travail en parfaite harmonie avec les Forces Armées des Forces Nouvelles.
Les forces mixtes du CCI opèrent sur l’ensemble du territoire ivoirien, procurant la sécurité à tous.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Pour le redéploiement des autorités préfectorales, j’ai dû demander aux Forces Armées des Forces Nouvelles et au personnel civil des Forces Nouvelles de renoncer aux prérogatives administratives exercées pendant cinq ans ; sacrifice qu’ils ont accepté de consentir au nom de l’intérêt supérieur de l’Etat.
Ce sacrifice a permis au corps préfectoral d’être à son aise dans les zones Centre, Nord et Ouest.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Monsieur le Président, les audiences foraines sont bel et bien une réalité.
C’est bien le 25 septembre 2007 qu’elles ont été lancées sur l’ensemble du territoire, sans incident, sans violence, presque banalement.
Chaque jour, des sans papiers sortent de l’anonymat administratif pour conquérir leur citoyenneté.
Est-il juste de dire que rien n’a été fait ?
Mesdames et Messieurs, il est assurément vrai de dire qu’il reste tant de choses à faire. Il reste tant de diligences à accomplir. Mais il est injuste de dire que rien n’a été fait.
Jours et nuits, nous avons travaillé sans relâche, presque sans repos ; à la fois à Bouaké et à Abidjan, sur tous les fronts : le front social, le processus de sortie de crise, sans oublier l’activité ordinaire du gouvernement dans un pays fortement endetté.
Si je comprends l’impatience des braves populations qui ont tant souffert, je voudrais, avec votre permission, dénoncer la trop grande sévérité des jugements et des condamnations sans appel.
Je ne me résignerai pas face à l’ampleur de la tache. Et nous avons besoin de soutien et d’appui. Il nous faut continuer à travailler et toujours aller de l’avant.
C’est dans la perspective de la poursuite du processus de paix, que vous et moi-même, avons signé hier 29 novembre 2007, le deuxième accord complémentaire à l’Accord Politique de Ouagadougou, désignant la société SAGEM en qualité d’opérateur technique chargé de l’identification et de l’inscription sur les listes électorales.
Dès la semaine prochaine, quand je serai rentré à Abidjan, je recevrai cet opérateur et le mettrai aussitôt à la tâche.
Aussi, je vous proposerai une séance de travail avec tous les acteurs du processus électoral, tous les ministères et structures concernés par l’identification pour sonner l’heure de la préparation des élections.
J’ai bien compris toute la classe politique, qui pour une fois, unanimement s’impatiente pour l’organisation rapide des élections. Du reste, je ne m’y suis jamais opposé.
La bonne identification des populations pour que chacun ait les papiers auxquels il a droit, me paraît aussi capital que l’échéance électorale.
Les élections méritent une préparation méticuleuse, si nous les voulons transparentes et irréprochables.
Ce n’est qu’à ce prix, qu’elles seront un facteur de consolidation de la Paix et de la Démocratie.
Ceci dit, qui peut douter ou insinuer que l’octroi de titres d’identité à nos concitoyens ne soit plus notre préoccupation majeure ?
Qui mieux que nous en a fait une revendication principale ?
La question de l’identification est notre cheval de bataille.
Monsieur le Président de la République,
Le mardi 27 novembre à Ouagadougou, Vous-même, le Président du Faso et moi-même, avons convenu de poursuivre nos efforts pour une normalisation définitive en Côte d’Ivoire.
Ceci s’est concrétisé encore hier par la signature des deuxième et troisième accords complémentaires.
Il s’agit de mettre en œuvre les processus de désarmement, de lancer les opérations du service civique national, et de procéder à la réunification de l’armée. Les Généraux Mangou et Bakayoko nous donnent déjà le reflet d’une telle armée réunifiée.
Monsieur le Président de la République, vous voilà à Korhogo, bel et bien vivant, démontrant ainsi que le traumatisme du désarmement et de la guerre n’est que chimère.
Le meilleur désarmement que nous devons réussir est celui des esprits.
Le retour de la fiscalité, notamment de la douane dans ces régions se fera dans le souci du respect du principe de l’unicité des caisses de l’Etat.
Il faut alors que l’Etat étudie les modalités de la contrepartie telles que stipulées dans l’accord complémentaire signé hier.
Au nombre des leçons à tirer de cette visite d’Etat dans la région des Savanes, figurent les difficultés et les préoccupations des populations, ainsi que celles des soldats des Forces armées des Forces Nouvelles.
L’allure du train de la réunification peut créer des angoisses, inquiétudes certainement légitimes.
Comme en 1960, l’imminence de la proclamation de l’Indépendance avait suscité tant d’espoirs mais aussi tant d’angoisses et d’inquiétudes.
La même inquiétude se lisait sur tous les visages.
Etions-nous prêts pour assumer les charges de l’Etat ?
Etions-nous prêts pour gouverner ?
Les lendemains des indépendances avaient failli donner raison aux plus pessimistes.
Les coups d’état étaient légion. Certains de nos compatriotes en arrivaient même à regretter l’époque coloniale.
Aujourd’hui la réunification peut faire peur si tous ses contours ne sont pas maîtrisés.
Eh oui, Monsieur le Président, les mêmes angoisses et inquiétudes réapparaissent comme en 1960.
Les populations sont inquiètes.
Alors qu’elles se sont plus appauvries, comment faire face aux charges des arriérés de consommation d’eau et d’électricité ?
Comment payer les impôts de toutes ces années ?
La grosse appréhension de l’inévitable inflation qui naîtra de cette réunification impose que nous en maîtrisions toutes les conséquences.
C’est pourquoi, je vous propose, et si vous en étiez d’accord, d’organiser au plus tôt les états généraux de la réunification.
Seule une étude approfondie de la situation socio-économique de ces régions pourrait permettre au Gouvernement d’y apporter les solutions appropriées.
Ce sera l’occasion d’englober tous les autres problèmes que ces mêmes populations n’ont pas manqué de vous soumettre.
Comme vous le voyez, Monsieur le Président, les attentes sont grandes et les chantiers immenses.
Aussi, je veux pouvoir compter sur la bonne foi de tous pour maintenir le cap de la paix, condition incontournable pour réaliser les mesures idoines convenues.
Pour l’heure, votre visite d’Etat depuis le 28 novembre 2007 ouvre une nouvelle ère, celle de la consolidation de la paix, de la réunification du pays et de la préparation des élections.
Que Dieu veille sur notre pays pour que vive une Côte d’Ivoire réunifiée et réconciliée avec elle-même.
Je vous remercie.